La ruée vers l'or du Klondike, la 9e Croisade

15 juillet 1897. 
L’Excelsior accoste à San Francisco. 
Il vient d’Alaska, avec à son bord, une cargaison d’or évaluée à un demi-million de dollars. De l’or ? Oui, on dit que dans le Grand Nord du Canada, là où la rivière Klondike se jette dans le fleuve Yukon, il y a des gisements incroyablement riches (jusqu’à quinze fois plus que ceux de Californie, quand la région connut elle-même une ruée vers l’or 40 ans plus tôt). 

Dans une Amérique en pleine crise économique et au taux de chômage record, la rumeur se répand comme une trainée de poudre, charriant avec elle les fantasmes de fortunes immenses et vite faites. 
Trois jours plus tard le navire Portland, lui aussi de retour d’Alaska avec une cargaison d’or, est accueilli à Seattle par une foule immense. 

C’est le signal de départ de la fabuleuse ‘ruée vers l’or du Klondike’. 
Dans une atmosphère fiévreuse, des milliers des destins changent d’un jour à l’autre, même le maire de Seattle et l’ancien gouverneur de l’Etat se lancent dans l’aventure de l’or. 
Le défi qui les attend est immense … 

Le Klondike, un rêve que peu réussiront à atteindre

100 à 120 000 personnes prennent en quelques mois la route du Klondike. 
30 à 40 000 seulement arrivèrent à destination, après un périple d’un an.  
Seulement 15 à 20 000 sont devenus prospecteurs, environ 4000 auraient trouvé de l’or, et quelques centaines à peine devinrent riches. 

Pour atteindre la ville de Dawson, épicentre de la ruée, depuis San Francisco ou Seattle, il faut sacrément prendre son élan. Et choisir son itinéraire, si on le peut. 

Les plus aisés (les moins nombreux), optent pour la route de l’ouest, dite ‘route du riche’, qui consiste à remonter en bateau le fleuve Yukon depuis la mer de Béring, directement jusqu’à Dawson City, sans trop d’efforts. 

Pour la grande majorité, la route du Klondike c’est d’abord un débarquement à Dyea ou Skagway (on hésite à parler de villes, ou même de villages : quand la ruée commence il n’y a guère qu’une cabane en rondins sur la plage …). 
De là, il faut rejoindre le fleuve Yukon, distant d’environ 65 km, pour le descendre jusqu’à Dawson City, 800 km en amont. 

Dit ainsi, ça paraîtrait presque simple, en tous cas pas si compliqué.    
Oui mais voilà, il y a quelques subtilités … 

Un défi surhumain

D’abord le règlement institué par les autorités canadiennes dès le début de la ruée. 
Il impose à tous les candidats au statut de milliardaire de disposer de suffisamment de vivres pour une année entière !
Soit environ 520 kg de nourriture, auxquels il faut ajouter des vêtements, des outils et équipements divers : au final, près d’une tonne que chacun va devoir acheminer. 

 Ensuite le terrain.
Sur la première partie du parcours, il faut traverser une chaîne montagneuse en empruntant de redoutables cols (White Pass en venant de Skagway, Chilkoot Pass en venant de Dyea). 

Dans les deux cas, on parle de chemins inexistants et de pistes improvisées, impraticables pour les animaux de trait : il faut tout transporter à dos d’homme ! 
Alors on fractionne la tonne de nourriture et d’équipements en charges d’environ 30 kg. 
On porte la première sur 3 km, on revient chercher la seconde, et ainsi de suite, une trentaine de fois pour chaque étape. 
Au final, on parle de près de 4000 km à pied au milieu des montagnes, dont la moitié courbé sous le poids du sac ! 

 Arrivés au lac Lindeman, on est au beau milieu de nulle part. Il faut construire soi-même un radeau ou un bateau pour parcourir les 800 km jusqu’à Dawson City, une sinécure. 
Une déforestation majeure plus tard (on estime que plus de 7 000 embarcations sont mises à l’eau dans la seule année 1898), il vaut mieux avoir bien conçu sa coque de noix, car avant Whitehorse il y a une série de rapides dans lesquelles certains perdront leurs illusions, beaucoup d’autres la vie (quand ils ne succombèrent pas au scorbut qui faisait des ravages). 

Dernière donnée de l’équation : tout cela se déroule dans des régions sauvages où les températures flirtent avec le -50° en hiver. 

Pour ceux qui n’abandonnèrent pas, ou ne moururent pas en route, une telle épopée pouvait durer une année entière. 

La frénésie de la ruée vers l’or s’éteignit à partir de 1899, quand les gisements les plus accessibles étaient épuisés, et que de nouveaux gisements furent découverts à Nome (à l’extrémité de l’Alaska). 
L’activité minière continua cependant, jusque vers 1903, date à laquelle elle cessa totalement. 

Dawson, ville champignon par excellente (elle passa en quelques mois de 500 à … 30 000 habitants) retomba dans l’anonymat, comme toute la région. 

Aujourd’hui, de Dawson à Skagway en passant par Whitehorse, on peut contempler de nombreux vestiges qui nous replongent dans cette page d’histoire qui inspira de nombreux créateurs. 

Notamment Charlie Chaplin (la ruée vers l’or) ou Jack London dont les livres (‘l’appel de la forêt’ ou ‘croc blanc’) puisent leur inspiration à la source (London fit lui-même le voyage du Klondike en tant que prospecteur).

Construisez votre voyage sur-mesure avec notre équipe !

?